Pour certains, les salons, foires et congrès repartent à la hausse en présentiel. Pour d’autres, le secteur anticipe une baisse durable des événements. Avez-vous des retours d’exposants ou organisateurs sur ces problématiques ?
Christine : Nous avons les 2 cas. Nous avons des salons qui repartent sur les chapeaux de roue. Après la crise de la COVID, ils reprennent une activité forte. En revanche, d’autres organisateurs ont beaucoup plus de mal, ils sont plus en difficulté pour relancer leur salon. Selon le secteur d’activité, ils ont du mal à faire revenir leurs exposants. Nous constations qu’il faut recruter plus d’exposants car les surfaces sont moins importantes.
Hervé : Le point important c’est que le public est toujours au rendez-vous. On a vu le succès du salon Made in France, un succès populaire, qui met en avant toute l’industrie française. C’est un salon qui marche très bien. Il y a des ventes, des affaires et des échanges sur ce salon. Quand on lit les médias, il y a des articles ditirembiques : « formidable, l’événementiel redémarre » et des articles au contraire très pessimistes. En fait, les 2 sont vrais, il y a de grosses différences.
Ceux qui marchent bien, c’est ceux qui ont su animer, faire vivre via le numérique leur communauté pendant ce trou d’air d’un an, d’un an et demi. Ceux qui se sont donnés du mal à animer leur communauté notamment via le web en récolte les fruits aujourd’hui en rencontres physiques.
En terme de problématique, on parle aussi beaucoup de pénurie de personnels dans l’organisation des salons. Avez-vous des retours de votre côté ?
Christine : Il est vrai que le sujet d’actualité est la pénurie de personnels, les entreprises du secteur ont de vraies difficultés de recrutement. L’événementiel est un secteur dans lequel il faut être disponibles et flexibles puisque l’on travaille souvent les week-ends, les soirs et souvent en déplacement. Aujourd’hui, les salariés n’ont pas toujours l’envie de subir ces contraintes. Pour les entrepreneurs, c’est très compliqué de trouver du personnel.
Hervé : Pendant la crise COVID, les fonctions techniques se sont détournés de nos métiers. Certaines sont retournées dans le BTP par exemple : c’est une vraie problématique. Il y a une réflexion dans la filière, un peu comme dans la restauration. Les gens lucides se disent qu’il va falloir bouger les lignes : payer mieux, offrir plus de loisirs, d’avantages…
Dans notre dernier guide, on avait fait un dossier sur le recrutement. C’est une problématique à laquelle on est sensible. Également, on a crée une « news emplois » il y a quelques mois, qu’on relaye à tous nos contacts, tous les mois, avec des propositions d’emplois.
Extrait de la newsletter dédiée à l’emploi par la Gazette des salons
C’est une filière qui recrute. C’est aussi un message pour tous les jeunes : dans l’événementiel, il y a du boulot !
Christine : Et c’est un secteur très sympa 🙂
Comment les organisateurs et exposants voient l’année 2023 ?
Hervé : Depuis la période COVID, plus personne ne se hasarde à faire des plans sur la comète. On a vécu un truc qui nous est tombé dessus, que personne n’avait vu venir. Finalement, on n’est jamais à l’abri d’un virus, d’une guerre en Europe, d’une météorite ou je ne sais quoi ! Pour l’instant, tout va plutôt pas mal. Mais bien malin qui se hasarderait à faire des prévisions au-delà de 6 mois.
Autre sujet dont on parle beaucoup : l’écologie. L’UNIMEV a d’ailleurs sortit récemment son plan de sobriété énergétique. Qu’en pensent les pros du secteur ? Sont-ils prêts à faire des efforts sur ces sujets ? Comment seront les salons de demain ?
Hervé : Je pense qu’ils considèrent qu’ils n’ont plus le choix.
Christine : Ça fait déjà longtemps qu’ils travaillent sur le sujet. Ça ne date pas d’aujourd’hui.
Hervé : À une époque, on disait : « allez, on est prêt à le faire » mais finalement, c’était un peu gadget. Maintenant, ce n’est plus une option, ça devient obligatoire.
C’est particulièrement vrai dans les salons internationaux, qui accueillent des visiteurs et exposants étrangers. Certaines marques de gros annonceurs ne viennent sur les salons que s’ils ont une garantie que ce salon est bien RSE. Il y a une pression des grosses entreprises et de leurs actionnaires, pour être plus vertueux et ne pas être pris en défaut sur ces aspects-là. Donc tout le monde est prudent et fait ce qu’il faut pour être plus vertueux. Désormais, c’est une réalité, plus une option.